Deux nouveaux domaines de Bourgogne

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Le prix des vins de Bourgogne est en hausse depuis plusieurs années, plusieurs éléments l’expliquent, mais, surtout, il n’y a pas que les grands crus… On en parle avec deux nouveaux vignerons importés aux Oblats depuis peu.

En Bourgogne, l’export a une place primordiale, puisqu’il représente près de la moitié des ventes avec un « un chiffre d’affaires historique de 1,3 milliard d’euros en 2021, en hausse de 28% par rapport à l’année 2020 », a indiqué dans un communiqué la Fédération des négociants-éleveurs de Grande Bourgogne. Et « toutes les principales zones géographiques sont en progression ».

Malgré ces records, la conjoncture des vins bourguignons en 2022 ne s’annonce pas sous le meilleur jour, car la récolte 2021, comme dans de nombreux pays, a été amputée de moitié par le gel du printemps.

Selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), ces pertes « sont comprises entre 30 et 50%, voire 70 à 80% pour les blancs de la Côte de Beaune et -50% dans le Chablis et le Mâconnais ».

Dans un communiqué diffusé en mars dernier, le BIVB a identifié trois défis. Tout d’abord un disponible à la propriété inférieur à la moyenne des cinq dernières campagnes. En conséquence, les transactions du premier semestre de la campagne 2021-2022 sont en retrait de 34% par rapport aux transactions du millésime 2020 à la même période et de 24 % sur la moyenne des six premiers mois des cinq dernières campagnes.

 

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Ensuite, on note une hausse importante de la demande. À l’export, autre source de tension, le chiffre d’affaires des vins de Bourgogne dépasse pour la 3e année consécutive le milliard d’euros (+ 28 % par rapport à 2020), pour 105 millions d’équivalents bouteilles 75cl exportés. En France, les vins de Bourgogne poursuivent leur croissance en grande distribution (+ 4,3% en volume) et atteignent un record en chiffre d’affaires, malgré un contexte général plutôt à la baisse. Parallèlement, les circuits de distribution plus traditionnels ont repris une activité porteuse pour les vins de Bourgogne, même si de nombreux cavistes avaient pu rester ouverts durant l’année 2020.

À la Cave des Oblats, nous avons rentré deux nouveaux domaines : le domaine Morey-Coffinet en AOP Chassagne-Montrachet et le domaine Jean Fournier en AOP Marsannay la Côte.

La biodynamie pour enrichir les sols

Considéré comme l’étoile montante de Chassagne-Montrachet, Thibault Morey mène les 8,5 hectares du domaine Morey-Coffinet en biodynamie. Son succès est tel qu’il prévient sur son site internet que « la forte notoriété des vins de Bourgogne et les quantités mesurées produites au domaine ne permettent plus de prendre de nouveaux clients, particuliers ou professionnels »… « Nous avons été obligés de mettre cela en place, sinon on perd beaucoup de temps le matin à répondre aux mails… », explique-t-il, non sans raison.

Concernant la hausse de prix des vins de Bourgogne, Thibault Morey estime qu’elle est essentiellement justifiée par l’offre et la demande. « C’est une explication très classique, mais c’est cela, bien plus que les rendements. On sait que cela fait partie de notre métier d’avoir des variations d’un millésime à l’autre, mais c’est à nous de gérer cela, de garder des stocks pour lisser les différents exercices.

morey coffinet biodynamie

J’avoue que cela m’inquiète un peu pour l’avenir, j’ai peur que les prix continuent à monter et que la qualité ne suive pas. J’ai vraiment à cœur de toujours mieux travailler et d’évoluer pour que la qualité soit au rendez-vous et que le prix soit justifié. Il faut que le consommateur soit content de ce qu’il a dans la bouteille pour le prix qu’il a payé. »

De manière générale, comment voit-il l’impact des changements climatiques et la biodynamie l’aide-t-il à appréhender tout cela ? « C’est vraiment la sécheresse plus que le gel qui m’inquiète, poursuit le vigneron. Certains porte-greffes, comme le 161-49, ne la supportent plus, et cela entraîne le dépérissement de certains pieds. Il y a sans doute d’autres paramètres, mais a priori, c’est lié.
Sans parler du manque d’eau qu’il va falloir anticiper, peut-être avec des porte-greffes plus résistants à la sécheresse.

Parmi les autres paramètres à privilégier dans la vigne, il faut bien faire plonger les racines très tôt, avoir un taux de matière organique important. Mon travail en biodynamie facilite cela, et plus on a de vie dans les sols, plus la vigne est résistante. C’est une façon de travailler qui a déjà fait ses preuves mais elle va encore prendre plus d’importance à l’avenir. Surtout si on cumule réchauffement climatique et épisodes de sécheresse. »

Valoriser les Villages

À la tête du domaine familial de 22 hectares à Marsannay, Laurent Fournier exploite des vignes majoritairement plantées en Pinot noir à Marsannay, Fixin et en Côte de Beaune, complétées de Chardonnay, Pinot blanc et Aligoté en blanc. Il est certifié bio depuis 2008.

Mais, « on ne vend pas de vin parce qu’on est en bio », s’empresse-t-il de préciser, « on le vend parce que les gens le trouvent bon. Et il se fait qu’en fin de compte, on est en agriculture biologique… C’est rarement un critère d’achat. Par ailleurs, aujourd’hui, il n’y a pas de différence entre un vigneron bio et non bio pour se fournir en bouchons, bouteilles, capsules… On est tous dans le même bain. Nos difficultés ne datent pas du conflit ukrainien. Dès l’automne dernier, on a eu des grosses tensions sur les cartons, notamment. Ce sont des problèmes qui touchent toute l’Europe. Et puis l’inflation sur les prix est colossale. »

La hausse des prix a-t-elle détourné les consommateurs de la Bourgogne ? « Je suis à Marsannay, je ne suis pas dans les grands crus qui valent une fortune, même si nous avons dû également augmenter nos prix. En appellation Marsannay, plus de 60% des producteurs sont en bio, ce n’est donc pas du tout dans l’esprit de nous différencier avec cette pratique-là. Nous restons une appellation refuge pour les gens qui n’ont pas les moyens de s’offrir des appellations plus prestigieuses, avec des bouteilles entre 20 et 45 euros.

Les récoltes ont été mauvaises quatre années de suite, on est restés très constants mais sur des niveaux moyens. Nos stocks sont au plus bas, et nous subissons une très forte demande en France et à l’étranger, cela rend tout cela compliqué à gérer. Mais on ne boude pas notre plaisir d’avoir autant de succès, c’est à nous de profiter cela pour monter encore en qualité et puis bon, les prix ne dépendent pas que de nous.

Pour que les prix se calment, il faut que celui des matières premières se calme aussi, que ce soit le gasoil pour les tracteurs, les bouteilles, les bouchons et les tonneaux. Et les fermages, car personne n’en parle jamais, c’est quand même une grosse partie du coût d’une entreprise viticole, cela fait partie des causes de l’inflation.

Que ce soit en Belgique ou en France, on ne peut plus se payer les grands crus que l’on se payait il y a vingt ans, mais la Bourgogne, ce n’est pas que ces grands noms-là. On oublie que 2/3 des bouteilles de vin de Bourgogne sont des appellations génériques, et il y a aussi des appellations villages beaucoup plus accessibles, que ce soit Marsannay, Fixin, Auxey-Duresses, Monthelie… ou les côtes chalonnaises de Givry, Rully, Mercurey

On ne peut évidemment pas faire des bouteilles à 5 euros avec 10.000 pieds/ha et des rendements de 35hl/ha, mais il y a encore des bonnes bouteilles à des prix accessibles. Il faut réapprendre à boire du bourgogne et se faire une raison sur les grands crus, il y a autre chose… Stop à l’amalgame ! »

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